Allah est tout petit petit

Je suis Charlie

Habituellement, les attentats sont aveugles, ils visent la foule. Là, l’attentat était ciblé, contre des types que nous connaissions tous. Ils faisaient partie du paysage audio-visuel français.
J’ai découvert Cabu enfant, via les albums du Grand Duduche, en même temps que Cavanna et Wolinski, tous glanés dans la bibliothèque de mon père.
S’il n’était pas mort l’an dernier, Cavanna aurait certainement été aussi au nombre des victimes.
Je suis atterré, consterné, sidéré. Je pense à tous ceux qui sont morts, à leurs familles, à leurs amis. Je m’émeus des réactions touchantes des uns et des autres. De la solidarité qui s’exprime de tous, de partout.

J’ai entendu parler d’acte de guerre. Ce n’en est pas un : c’est un attentat, c’est pire.
Une guerre, aussi exécrable soit-elle, surtout pour un pacifiste, est régie par des règles. Elle est faite par des militaires, professionnels ou mobilisés. Les camps en présence sont identifiés.
Ici, qui sont donc vos agresseurs ? Quelques rebuts isolés que tous rejetteront, sans exceptions, et à raison. Je ne connais personne dans mon entourage, fut-il le plus pieux des croyants, qui ne condamne cette barbarie. Sans aucune ambiguïté.

A l’inconcevable répond déjà la bêtise. Certains demandent le rétablissement de la peine de mort. D’autres agressent des musulmans, visent des mosquées.
Nous valons mieux que cela ! Ne faites pas reculer nos libertés en prétendant nous défendre de quelques extrémistes. N’accusez pas l’Islam à cause d’une poignée de fanatiques.

A tous ceux qui sont parvenus à ce stade du billet, je vous présente mes excuses pour son titre, racoleur et provocateur. Vous imaginez bien qu’une phrase commençant par « Allah est », de ma part, ne peut être qu’un mensonge : Allah n’est pas. Il ne saurait être grand ou petit, ou quelque attribut que ce soit. Dieu n’est pas.
Pour ceux parmi vous qui y croient, je suppose que vous ne l’imaginez pas impuissant au point d’attendre après vous pour exercer sa volonté. Si le miséricordieux désire châtier ceux qui s’amusent de son prophète, il est certainement assez grand pour le faire sans votre aide.

Tignous

Si ces blasphémateurs vous offensent au passage, riez-en. Depuis quand l’homme répond-il aux mots par les armes ? Depuis la nuit des temps, c’est vrai. Il est grand temps que cela cesse.

C’est pourquoi Nous avons prescrit pour les Enfants d’Israël que quiconque tuerait une personne […], c’est comme s’il avait tué tous les hommes.
Sourate Al-Mâ’ida, verset 32

En criant « Allahu akbar » en assassinant un homme, vous niez toute grandeur à Allah. Vous insultez tout musulman digne de ce nom.
Ce mercredi 7 janvier 2015, vous avez tué au nom de votre dieu ; par cet acte, vous avez assassiné votre prophète.

Miguel Villalba Sánchez

Vous avez réussi à faire l’unanimité. Contre vous. Vous avez mis le monde debout en lui offrant des martyrs. Vous nous avez uni.

Assassins, terroristes, vous voulez vous substituer à dieu ? Hommes de peu de foi ! Vous n’êtes même pas légitimes pour pardonner en son nom.

Moi, je ne vous pardonne pas. Je vous conspue, je vous exècre et je vous chie.

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Du mariage gay religieux

La promulgation de la loi ouvrant le mariage aux homosexuels ce samedi 18 mai 2013 a permis à la France de redorer ses frontons. Avec un peu de retard comme à son habitude : la France n’innove plus guère en matière d’humanisme depuis… les Lumières ?
Bref rappel historique. Le droit de vote des femmes ? 1945, neuf ans après l’Iran. La légalisation de la contraception ? 1967, quand de nombreux pays ne l’ont jamais interdite. La légalisation de l’avortement ? 1975, vingt ans après l’Union Soviétique. ((Légalisé en 1920 sous Lénine, il fut interdit par Staline en 1936, puis rétabli en 1955 après sa mort.)) L’abolition de la peine de mort ? 1981, douze ans après le Vatican. ((Sigh.))
Le mariage gay ? Sept ans après l’Afrique du Sud.
Le droit à l’euthanasie ? Euh… joker. Pourquoi prendre des mesures avant-gardistes ? Attendons qu’il soit au moins autorisé en Corée du Nord.

Les débats ont quelque peu mis à mal la Fraternité, mais l’Egalité reprend des couleurs. ((La Liberté se porte plutôt bien, merci.))

 

Que quelques intégristes aient défilé le 13 janvier ((J’avais piscine ce jour-là, mais ai pu effectuer mon devoir de citoyen responsable en manifestant quinze jours plus tard.)) pour s’opposer à ce que des rescapés de Sodome et Gomorrhe puissent obtenir les mêmes droits qu’eux, c’est dans l’ordre des choses. Méprisable, mais cohérent : ils sont homophobes, et l’assument. En revanche, comprendre cette légion d’autoproclamés non-homophobes bardée d’amis gays ((Un bon moyen de reconnaître un raciste honteux ? Il proclame haut et fort avoir plein d’amis noirs. Et quand une de ses vagues connaissances l’est réellement, il l’exhibe à tout venant. Un ami alibi de circonstance qui lui permettra de déverser sa bile sur les « gens de couleurs » – euphémisme employé ici comme déguisement.)) catégorique sur le fait qu’un couple d’amoureux de même sexe ne devrait pas pouvoir procréer, je n’y arrive pas. Homophobes et hypocrites. « Je ne suis pas raciste, mais dans les tribunaux, je constate qu’il y a beaucoup de bronzés ». « Je ne suis pas homophobe, mais deux femmes voulant fonder une famille, c’est contre nature ». Même rhétorique. Même bêtise crasse.

Si les homophobes volaient, le ciel serait bleu blanc rose.

Durant toute cette campagne, je n’ai pas entendu un seul argument recevable – pas un ! – de la part des détracteurs au projet de loi. Mais passons.

Vous aurez compris que je suis en faveur du mariage ouvert à toutes les personnes mutuellement désireuses d’en contracter un. Qu’elles soient deux ou plus ((Je ne parle pas ici de polygamie ou de polyandrie, mais bien d’un minimum de trois personnes contractant un mariage ensemble : chacune des trois personnes épouse les deux autres. Le nombre de sexes différents chez l’humain étant relativement limité, il y a de fortes chances pour qu’au moins deux des trois individus soient de même sexe. Toutes mes excuses aux opposants du mariage pour tous pour cette fausse joie.)), ou moins. De même sexe ou pas. Je suis pour la PMA pour tous. Et alors que je n’avais pas d’avis tranché sur la question, les anti-mariages m’ont ouvert les yeux ((Mais si, souvenez-vous de leur raisonnement par l’absurde. « Vous voulez le mariage pour tous au nom de l’Egalité, mais dans ce cas il vous faudra accepter la PMA pour les couples de femmes – au nom de l’égalité vis-à-vis des couples hétéros qui y ont accès, puis la GPA pour les couples d’hommes – au nom de l’égalité vis-à-vis des couples lesbiens. Or la GPA c’est pas bien, donc le mariage pour tous c’est pas bien. » J’ai raisonné à l’inverse. Le mariage pour tous étant une évidence, s’il conduit naturellement à la GPA, c’est que la GPA est dans l’ordre des choses. CQFD. Merci les anti-mariages pour cette lumineuse démonstration.)) : je suis pour la GPA pour tous. D’une manière générale, je suis pour l’égalité des droits et devoirs de tous les citoyens, tel qu’énoncé à l’article I de notre constitution.

 

Là n’est cependant pas l’objet de ce billet. Ce qui m’intéresse aujourd’hui, c’est l’ouverture du mariage religieux aux mêmes populations que le mariage civil. Chez les laïcs, et au sein du clergé.

La France entre dans le 21ème siècle, il serait temps que les églises du monde sortent du 19ème : autant faire un grand saut plutôt qu’un petit pas.

 

Voyons très rapidement le cas du bouddhisme, en marge des autres grandes religions.
Selon la tradition bouddhiste, le mariage est une relation humaine reconnue par les amis et la famille. Aucune cérémonie n’est nécessaire, même si le couple concerné peut annoncer officiellement qu’ils vivent ensemble, et organiser une petite sauterie histoire de marquer le coup : le mariage réside dans le fait de vivre ensemble. Les moines donnant leur bénédiction aux époux ne font que reconnaître le mariage, ils ne le créent pas.
A ma connaissance, le bouddhisme ne fait par ailleurs pas de distinctions particulières entre relations homosexuelles et hétérosexuelles.
A mon grand dam, le mariage entre deux individus de même sexe est donc une réalité de fait dans le bouddhisme. J’en serais presque frustré. Mais je m’incline, force est de constater que certaines religions peuvent présenter des semblants d’humanisme. Dont acte.

Fort heureusement, les religions du Livre sont là pour nous rappeler le sens du mot « archaïsme ».

 

Le judaïsme est à ma connaissance la seule religion qui autorise explicitement l’homosexualité masculine. Lisez vous-même :

Tu ne coucheras pas avec un homme comme on couche avec une femme.
Lévitique 18:22.

Cette phrase est souvent perçue à tort comme une condamnation de l’homosexualité. Pourtant, la condamnation explicite aurait été, s’adressant à un homme : « tu ne coucheras pas avec un homme ». Point. La signification de la phrase complète me semble claire, et tout aussi explicite : en tant qu’homme, tu peux coucher avec un homme, mais tu dois être bien conscient qu’un homme n’est pas le substitut d’une femme. Ce dont conviendront volontiers l’immense majorité des hommes qui aiment les hommes, faisant parfaitement la différence entre un homme et une femme.
Mon interprétation diffère en cela de celle du rabbin Gabriel Farhi, qui considère qu’il ne s’agit pas d’une condamnation de la sexualité entre hommes, ce en quoi je le rejoins, mais uniquement d’une condamnation de la pénétration anale, autorisée avec une femme. Ce dont je disconviens. Selon moi, si condamnation il y a, il ne s’agit que de la pénétration vaginale entre hommes. Suffisamment faible pour être négligée. Les homosexuels peuvent s’égayer tranquilles en terre promise.

Vous noterez également que si la Torah se révèle étonnamment tolérante envers l’homosexualité masculine, elle aurait d’énormes progrès à faire ((Le texte est figé, certes. Mais toujours soumis à perpétuelle interprétation non ?)) en matière de féminisme : elle ne s’adresse qu’aux hommes. Mais puisqu’elle ne s’adresse guère aux femmes, et n’évoque pas l’homosexualité féminine, on peut considérer qu’elle ne la condamne pas. Puisque ce qui n’est pas interdit est autorisé… Les homosexuelles peuvent s’égayer tranquilles en terre promise.

Célébrer des mariages gays chez les juifs ne devrait donc être qu’une formalité. A l’heure où j’écris ces lignes, le pas a été franchi. En Suède, par des réformistes, certes ; mais c’est un début.

 

Chez les musulmans aussi, un ersatz de mariage gay a été célébré religieusement.
Car si l’Islam peut apparaître largement arriéré en matière de tolérance à l’homosexualité, il possède une faiblesse qui se révèle ici une force : l’absence de califat. Aucune structure centrale qui puisse déterminer sans équivoque la position de l’Islam sur tel ou tel sujet de société. Les voix sont multiples, les interprétations divergent, la discussion ouverte. L’Islam pratiqué en Indonésie diffère de celui pratiqué en Arabie Saoudite, en particulier sur les sujets LGBT.

Et certaines voix s’élèvent qui sont progressistes.

Celle de Tareq Oubrou, imam de Bordeaux : « aucun texte univoque, authentique, ne fait mention d’une quelconque sanction contre les homosexuels. ».

Celle d’Abdel Nour Brado, représentant de la Junta Islamica de Cordoue : « il n’y a dans le Coran aucune référence contre l’homosexualité. Il faut débattre de ce sujet entre nous et comprendre que célébrer des mariages religieux entre gays serait la meilleure réponse des musulmans vivant en occident à ceux qui persécutent les homosexuels dans le monde musulman. »

Le salut viendra, j’en suis persuadé, des musulmans occidentaux, qui sauront peu à peu imposer leur ouverture d’esprit aux musulmans du monde entier.

 

Voyons le cas des catholiques. Si quelques églises anglicanes ou protestantes bénissent des couples de même sexe, chapeau bas, elles restent isolées.
L’église catholique romaine en particulier, obnubilée par la chasteté qu’elle demande à ses fidèles, conserve ses œillères. Vis-à-vis de la contraception, du préservatif, de tous les actes dont découlent un plaisir charnel, à fortiori de tout acte sexuel ne visant pas explicitement à la procréation. Les personnes homosexuelles doivent être « accueillies avec respect, compassion et délicatesse ». C’est toujours bon à prendre. Mais elles doivent être remises dans le droit chemin, celui de la chasteté. Il ne saurait y avoir relations hors mariage, et par une extraordinaire coïncidence, les chrétiens de même sexe n’ont pas le droit de se marier entre eux à l’église. La nature est bien faite tout de même.
Surtout, les actes homosexuels restent contre nature. Quelle hérésie ! Trouvez-moi dans la bible une seule phrase condamnant l’homosexualité. Vous n’en trouverez pas, pour cause : il n’y en a pas.

Si Sodome a été détruite, ce n’est point en raison des pratiques sexuelles de ses habitants…

Voici quel a été le crime de Sodome, ta soeur. Elle avait de l’orgueil, elle vivait dans l’abondance et dans une insouciante sécurité, elle et ses filles, et elle ne soutenait pas la main du malheureux et de l’indigent.
Ezechiel, 16:49 (Version Louis Segond 1910)

…mais bien parce que leurs occupations matérielles les éloignaient de leur dieu jaloux :

Les hommes mangeaient, buvaient, achetaient, vendaient, plantaient, bâtissaient
Luc, 17:28 (Version Louis Segond 1910)

Accessoirement, quand les sodomites ((Les habitants de Sodome)) se tapaient des anges, ce n’est point l’homosexualité qui est décriée, mais la nature abjecte du mélange des chairs humaines et angéliques :

Comme Sodome et Gomorrhe, et les villes d’alentour, s’étant abandonnées à la fornication de la même manière que ceux-là, et étant allées après une autre chair, sont là comme exemple, subissant la peine d’un feu éternel.
Epître de Jude, 1:7 (Version Derby)

Point de relations homosexuelles ici, les anges sont asexués. Et ce ne sont point des hommes qui obtinrent les faveurs de ces dégénérés, ils cédèrent aux charmes des femmes humaines :

Les fils de Dieu virent que les filles des hommes étaient belles, et ils en prirent pour femmes parmi toutes celles qu’ils choisirent.
Génèse, 6:2 (Version Louis Segond 1910)

Non, de la bible, je ne retiens que ceci, de la bouche du type qui avait deux papas :

Je vous donne un commandement nouveau: Aimez-vous les uns les autres
Jean, 13:34 (Version Louis Segond 1910)

Que l’église catholique, apostolique et romaine cesse donc de pervertir la parole de son messie, et bénisse les unions de tous les êtres amoureux, indépendamment de leurs orientations sexuelles. Elle ne s’en portera que mieux.

 

Qu’en est-il des mariages gays au sein du clergé ?

Le judaïsme libéral américain accepte l’homosexualité chez les rabbins. Quelques rares imams se sont ouvertement déclarés homosexuels.
Rabbins comme imams ont le droit de se marier. Avec des femmes. ((Pas ensemble, dommage, le mariage d’un rabbin et d’un imam ferait un joli buzz.)) Lorsque le mariage religieux sera autorisé, il ne saurait y avoir distinction entre prêtres et laïcs : tous ceux ayant accès au mariage aujourd’hui restreint aux couples hétérosexuels auront demain accès au mariage élargi aux homosexuels. Dignitaires religieux compris.
Si l’homosexualité devient chez les rabbins et imams largement assumée, nous pouvons légitimement penser que le mariage n’est qu’un pont plus loin. Patience.

Les moines bouddhistes vivent en communauté. Selon leur tradition, il suffirait donc que deux d’entre eux proclament officiellement vivre ensemble pour que le mariage soit reconnu. Hélas, ce n’est pas si simple. Chasteté oblige, point de « vivre ensemble » chez les moines et nonnes bouddhistes. Et je crains que transiger avec leur chasteté soit presque aussi ardu que transiger avec celle des prêtres catholiques romains.

Car le problème est bien là : avant de pouvoir élargir le mariage des prêtres aux homosexuels, il faudrait qu’ils aient le droit de se marier.
Mais vous avez déjà beaucoup à méditer : je traiterai cette question dans un prochain billet.

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Le Père Noël est un athée

Dans son manteau rouge et blanc
Sur un traîneau porté par le vent
Il descendra par la cheminée
Petit garçon, il est l’heure d’aller se coucher

Un titre inspiré de Renaud, un exergue de Graeme Allwright… j’aime bien la chanson française.

J’espère que vous avez tous, mes chers lecteurs, passé un bon réveillon de Noël. Papa Noël vous a gâtés ? Tant mieux.

Quelle est donc l’origine de cette fête ? Délicate question. Chacun voit midi à sa porte.

Pour les plus pratiquants de nos amis chrétiens, la fête de Noël sera associée à la Nativité, et chargée de symboles. Ils commémoreront la naissance de leur prophète en érigeant des crèches miniatures, assisteront ensemble à la messe de minuit, et finiront la soirée beurrés comme des petits Lu.

Pour quelques impies, Noël sera une fête profane, son origine se perdant dans les limbes : Saturnales romaines, renaissance de Sol Invictus ou festivités païennes marquant le solstice d’hiver. Chauds comme des marrons depuis la nuit des temps.

Pour la majorité de nos concitoyens, il s’agira d’une fête commerciale familiale permettant de s’en payer une tranche tout en maintenant une tradition séculaire à l’aide d’une bonne dose de folklore. Sapin, traineau, rênes et cadeaux, réveillon avec foie gras, dinde aux marrons et bûche, etc. Les origines, quelle importance ? Peu importe le flacon, pourvu que nous soyons beaux comme des soleils.

Quelques-uns enfin ne fêteront ostensiblement pas Noël, fête chrétienne par excellence, beurk. Voire, pour nos amis témoins de Jéhovah, fête tout court, re-beurk, et donc à ignorer. Voyons le bon côté des choses : eux ne prendront pas leurs lits en marche.

Pour autant, la déchristianisation de cette fête me semble achevée.
Ce n’est point à Noël auquel je m’intéresserai ici, mais à son père. Et, risquant l’oxymore, me faisais la réflexion que cette divinité ne pouvait être qu’athée. Je m’explique.

Ses parents présentent à l’enfant ce personnage comme un être réel : il y croit. Nul besoin de le voir. Le mythe est soigneusement entretenu par l’entourage, l’illusion est parfaite. L’enfant s’auto-confortera dans cette croyance ô combien bénéfique. Il peut d’ailleurs à sa plus grande joie constater les traces de son passage au pied du sapin, l’heureux innocent.
Jusqu’à ce qu’un beau jour il se rende compte de la fable. Qu’il la devine par lui-même ou l’apprenne des autres, le résultat est là : le Père Noël n’existe pas. Cette découverte n’a généralement rien de traumatisant : la magie ne sera certes plus la même, mais l’enfant a mûri, les cadeaux et la fête resteront.

Vous voyez où je veux en venir ? Amis croyants qui me lisez, pardonnez la brutalité de cette révélation, mais il est temps que vous le sachiez : Dieu n’existe pas. Il n’est qu’un Père Noël pour adultes.

Le martinet ou les cadeaux selon votre comportement de l’année ? L’enfer ou le paradis selon votre conduite terrestre. La veillée de Noël ? Les cérémonies religieuses. Le pôle ? Les cieux. Vos parents ? Le clergé. Père Noël, qui voit tout, entend tout ? Dieu.
Tout pareil. Barbe blanche et rouge bonnet.

Lorsque l’enfant atteint l’âge de raison, il découvre la vérité concernant le Père Noël, celle-là même que vous connaissez bien car vous avez contribué à perpétuer sa légende. Et cette révélation n’est là que pour préparer la suivante, celle qui anéantira le cas échéant sa foi en dieu.  
L’adulte aussi peut dissiper les ténèbres de l’obscurantisme : il lui suffit de cesser de croire en ses enfantillages. La magie ne sera plus la même : elle aura pour nom Vérité.
Que la lumière paraisse ; comme d’autres avant vous, exultez : « Joie, joie, joie, pleurs de joie : je ne crois plus ! ».

Sur ces bonnes paroles, joyeux réveillon de la Saint Sylvestre à tous !

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Le retour du messie

Après plus d’un an d’absence, me revoici.

Une certaine démotivation liée au fait que la fréquentation de ce blog n’ait jamais vraiment décollé, comme en témoigne le trop peu de commentaires – un grand merci au passage à tous ceux qui ont pris la peine de me laisser un petit mot, sur le site ou par courriel –, ainsi qu’une tendance certaine à la procrastination, ont fait que j’ai délaissé mes ouailles durant tout ce temps.
Je vous prie de bien vouloir m’en excuser, ô mes fidèles lecteurs.

Désormais, faisons fi des pressions : plus d’annonces, foin de délais. Des billets à mon rythme.

A très vite.

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Souriez ! L’enfer n’existe pas

Je me suis souvent posé la question de la légitimité de l’enfer, qui m’est toujours apparu comme une aberration. Voici pour vous en exclusivité quelques une de mes réflexions sur le sujet.

Je précise que seules seront concernées ici les religions à dieux « éthiques » bardés de qualités absolues, et s’accordant pour vous promettre l’enfer ou le paradis en appréciation de vos actes durant votre vie.

Dieu est amour et miséricorde

Imaginez le pire des êtres lors de son séjour terrestre : voleur, violeur, assassin, parricide, tortionnaire, criminel contre l’humanité, lecteur du Figaro. L’archétype de l’affreux, fait du bois dont se chauffent les démons. Imaginez-le à présent, cet être de souffrance, rejoignant son créateur. ((Le vocabulaire religieux employé ici nous indique clairement l’assimilation, au sens premier du terme, de la personne décédée à la divinité. Dieu omnipotent est omniprésent : il est partout, en toute chose, en tout être, tout croyant vous le confirmera. Les êtres vivants ne perçoivent tout simplement pas cette présence. Oh, ils peuvent la ressentir s’ils sont particulièrement imbibés de ferveur mystique, mais ils ne la perçoivent pas. L’être, composante divine qui s’ignore de son vivant, devient – ou redevient ? – à l’instant même de son trépas composante divine intégrale, révélation incluse.)) Ne pensez-vous pas que l’amour infini qui émane de ce dernier ne le transformerait pas ? Comment pourrait-il rester impur à l’aune de cette pureté absolue ? A l’instant même où ce dieu lui serait révélé, il serait converti.
Il n’est même pas question de repentir : la révélation serait si éblouissante que le repentir est inutile. Subjugué par l’amour de son dieu, il acquerrait en même temps que les qualités – sublimées – qui lui ont fait défaut durant sa vie terrestre la connaissance de ses errements, la pleine et entière conscience de ses péchés. Ce savoir soudain ne serait pas un fardeau qui l’annihilerait instantanément, le foudroyant de culpabilité, non : ce serait une simple composante de sa nouvelle condition. Des sentiments nouveaux feraient leur apparition : côtoyant les remords et les douleurs inhérentes à la conscience aiguë des maux causés, un amour incommensurable, une félicité absolue.
Cette transition marque la séparation entre deux états d’un même être : le premier état correspond à l’être humain vil, corrompu, impur, fourvoyé, ignorant et blasphémateur ; le second à l’âme ayant contemplé dieu dans l’oeil, pure, intègre, instruite, emplie d’amour et soumise à son dieu, non par choix, mais par évidence.

Notre ex-infâme a commis des erreurs. Avant. Autrefois. A présent, il est autre. Pourquoi alors punir un être d’amour et de bonté – celui qu’il est devenu – au prétexte qu’un être qu’il n’est plus a fauté ?

Si vous estimez qu’il est injuste de voir ainsi le méchant accéder aux cieux au côté du gentil, n’oubliez pas que le pardon est une prérogative divine. ((Personnellement, je ne suis jamais parvenu à pardonner à qui que ce soit.)) Avouez qu’il serait dommage de ne pas en user.
Ou dites-vous que le poids des actes du méchant le suivra jusqu’au paradis, si vous tenez tant que cela à ce que « justice » soit faite. Votre soif de représailles n’est que trop humaine.

Quels que soient vos péchés, en retrouvant la chaleur du giron divin, vous serez absout.

L’enfer n’est pas compatible avec un dieu d’amour et de miséricorde.

Dieu est juste

Revenons à nos fondamentaux : Beccaria dans son immense sagesse recommandait de proportionner la peine au délit. En quoi un châtiment divin éternel peut-il être proportionnel à quelque délit humain que ce soit ? Le délit est limité dans le temps – il ne saurait excéder la durée de la vie de l’humain l’ayant commis ; la peine est éternelle. Le délit est commis par un être de chair, il ne saurait donc être absolu ; la peine est divine. ((Je crains que vous autres croyants, ayant un peu trop tendance à anthropomorphiser votre dieu, n’en oubliiez qu’il est de nature divine. Vos curés vous l’affirment sans relâche : de par votre nature humaine, vous ne sauriez l’appréhender, ni de près, ni de loin. Vous parlez de châtiment divin comme vous parleriez d’une peine de prison, sans entrevoir le sens de vos mots, sans réaliser ce que cette sémantique recouvre ; vous ne les emploieriez pas sinon, un reste de charité chrétienne, ou de toute autre obédience qu’il vous plaira – je ne suis pas sectaire, vous en empêcherait.)) Proportionnalité ? Quelle proportionnalité ?

L’humain a mis du temps avant d’abolir la torture : elle n’est pas conforme à son idéal. Oh, elle subsiste bien par ci par là, mais globalement, l’histoire en marche vise à son éradication. Dieu serait-il moins sage que les humains ? Insensé.

L’enfer n’est pas compatible avec un dieu de justice.

L’enfer n’existe pas

Je ne puis concevoir un dieu de bonté pratiquant la torture. Je ne puis concevoir un dieu d’amour et de miséricorde se montrer haineux et revanchard. Je ne puis concevoir un dieu de justice vouer aux tourments éternels des âmes égarées.
Si un tel dieu existait, l’enfer n’existerait pas. ((La réciproque n’est pas vraie pour autant.)) Ou il s’agirait d’un désert d’âme, à l’utilité contestable.

A moins que… si je m’en réfère une fois de plus à Beccaria, la certitude de l’impunité est un des facteurs aboutissant au passage à l’acte. La certitude de la punition devrait donc en être un frein considérable.
Faisons donc croire au croyant – par définition crédule – que l’enfer l’attend s’il s’écarte du droit chemin, il n’en déviera point. Il n’a aucun moyen de vérifier la véracité de la menace avant son trépas, la certitude de la punition est donc acquise. Une fois au paradis, il apprendra qu’il a été berné, mais que grâce à ce pieu mensonge sa vie sur terre n’en a été que meilleure, les croyants y ayant contribué en n’assassinant pas leur prochain à tout va. Et youpi tralala.
On remarquera cependant que cela ne fonctionne qu’avec les croyants, un athée se souciant de la menace de l’enfer moins que de sa première chemise. Et encore cela ne fonctionne-t-il qu’avec une partie des croyants, à moins que l’on ne me prouve qu’aucun croyant – toutes religions confondues – n’a jamais commis un péché lui assurant la damnation éternelle. Bon courage !

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Je ne suis pas mort

Je tiens à rassurer mes nombreux lecteurs s’inquiétant de mon absence prolongée : je suis toujours vivant, en bonne santé, et avec une patate à faire pâlir d’envie n’importe quel entraîneur de champions, merci.

J’ai juste été très occupé ailleurs ces derniers temps, ma vie de blogueur se voyant reléguée au second plan.
Professionnellement, j’ai dû faire face à des projets nouveaux et urgents ((A faire pour hier, comme toujours.)) comme s’il en pleuvait. Pas une minute de répit pour pouvoir bloguer tranquillement sur son lieu de travail, c’est tout de même un monde !
Personnellement, une recherche d’appartement en région parisienne m’a accaparé – ceux qui s’y sont déjà frotté imaginent sans peine mon calvaire.
Une fois celui-ci trouvé, des travaux à faire – enlever les tapisseries, reboucher les trous, poncer puis peindre les murs, enlever la moquette, poser du parquet… je deviens un vrai pro du bricolage – et accessoirement une bénédiction pour mon propriétaire. Heureusement que mon petit dernier – dix mois tout juste – m’aide pour les finitions. Vous le verriez parvenir à se mettre fièrement debout en se tenant au mur, les deux mains dans la peinture fraîche, ou faire pipi sur le parquet juste posé, c’est trop mignon !
A présent, tout est propre, il ne reste plus qu’à organiser le déménagement : une vraie partie de plaisir en perspective.
Le rare temps libre qui me restait a été occupé, en vrac, aux fins de semaines en famille à la campagne, ((Ma mère habite une grande ferme aménagée avec un terrain immense, dans un hameau perdu loin de toute civilisation, idéale pour accueillir une grande famille comme la nôtre. Un vrai bonheur de venir s’y ressourcer lorsqu’on habite en ville toute l’année, mais atrocement isolée aux yeux de l’adolescent rêvant de conquêtes que j’étais.)) à la cueillette de fruits pour faire des confitures, ((C’est qu’elles sont à se damner les confitures de maman. Cette année, nous avons déjà eu droit aux groseilles rouges, groseilles blanches, framboises, cassis, et cerises. Reste à faire les pommes, poires, et prunes en tous genres. Ce n’est pas encore cette année que l’on mourra de faim au petit déjeuner. Un petit saut chez ma grand-mère à l’île de Ré m’a également permis de rapporter des confitures de figues de printemps et d’abricots confectionnées par ma tante. Vous parlez de crise ? Opulence, les amis, opulence !)) à la confection de plans destinés à la création d’une cabane en bois pour amuser la jeune génération … ((Des cinq enfants de ma mère, nous ne sommes pour l’instant que deux à être parents et avons déjà huit enfants. Qui a écrit que les athées ne se reproduisaient pas ?)) n’est-elle pas passionnante ma vie champêtre ?
Quelques sorties de ci de là… non vraiment, je n’ai guère eu de temps à vous consacrer, ô mes chères ouailles.

Bref, après plus de trois mois sans publier le moindre billet, je vais par acquis de conscience voir si un lecteur attentionné ne m’aurait pas laissé un commentaire – espoir qui se révélera vain, les seuls commentaires postés étant quelques indésirables refoulés par l’anti-spam – puis vais faire un tour dans les statistiques du site. Et là, surprise : je vois un pic de fréquentation inhabituel correspondant à la journée du 7 juillet. Songez : trente-six connexions cette seule journée, alors que je plafonne habituellement à cinq ! Que s’est-il donc passé dans la blogosphère ce jour-là qui justifierait cette affluence record ? Serais-je enfin sorti de l’anonymat pour subitement devenir influent ? Mon sang ne fait qu’un tour, je mène rondement l’enquête, et découvre rapidement le responsable de ce remue-ménage, un tweet de Kozlika : « découvre le blog d’amine venezia, me marre bien », suivi de l’adresse du site. Tout s’explique. Bon je vous rassure, le trafic est progressivement revenu à la normale une fois passé l’effet de buzz. Il n’empêche, après avoir songé aux différentes possibilités d’exprimer ma gratitude éternelle à l’amie Koz pour ce gentil commentaire – même si passablement vexé de ne pas être pris plus au sérieux – j’ai été amené à m’interroger sur la pertinence de ma stratégie de communication. Utilise-je à bon escient l’ensemble des outils marketing à disposition grâce aux nouvelles technologies ? Conclusion facilement atteinte : je n’en utilise aucun. ((Rendez-vous compte, mon téléphone est un Nokia 3210, lequel ne permet que de téléphoner – un comble pour un téléphone – ou presque : il donne l’heure également. Ah mince, je viens de griller mon anonymat là : qui sur cette planète utilise encore ce téléphone à part moi ?)) Pour un gourou se voulant dans l’air du temps, ça fait désordre. Voyons les choses du bon côté, ma marge de progression est conséquente. Je vais de ce pas demander à ma fille aînée une formation accélérée sur Twitter et autre Facebook.

Ne croyez pas que je ne pense pas à vous pour autant, j’ai quelques billets dans les cartons, que je sortirai au moment opportun. J’ai par exemple fini un peu tard par rapport à l’actualité du moment un billet sur le recul de l’âge de la retraite, et un autre sur l’interdiction du port du niqab. ((Quoique sur ce billet précis, je sois en attente d’une illustration. Mon tailleur est en retard pour me livrer un ensemble robe-burqa sexy en diable, celui-là même que doit porter mon modèle préféré lors d’une séance de shoot où je devrais pouvoir faire quelques clichés somptueux. Avec la divine Natacha pour modèle, impossible de rater ses photos. Mon appareil photo et moi-même trépignons d’impatience. Hélas, depuis le temps que je lui fais miroiter cette séance, la demoiselle en question menace de me lâcher. J’aurai dû prévoir des indemnités de retard auprès de mon tailleur ; la peste soit de ma négligence.)) Dès que les feux de l’actualité brilleront à nouveau sur ces sujets, j’inaugurerai une nouvelle rubrique intitulée « Politiquement incorrect ». Une autre rubrique, sobrement nommée « Elucubrations », destinée à recueillir l’ensemble de mes théories fumeuses sans rapport avec la religion ou l’économie – ce dernier sujet fera l’objet d’une rubrique à part entière – verra également le jour, et vous apportera avec son premier billet une martingale inédite ((A ma connaissance.)) et quasi-infaillible ((Cette martingale révolutionnaire a été testée avec succès sur plusieurs semaines par votre serviteur. Lorsque vous aurez connaissance de la méthode sous-jacente, un rapide calcul théorique vous indiquera cependant que vous n’êtes assuré de gagner que neuf fois sur dix.)) pour gagner chaque semaine au loto.
Et bien sûr, notre épopée des fumisteries religions pré-vénéziennes continuera, Ismaël revenant pour notre plus grand bonheur à tous très bientôt. Pascal sera également mis à contribution : son célèbre pari sera passé au crible, et je puis d’ores et déjà vous annoncer qu’il n’en sortira pas indemne. Je fourbis mes armes.

Un dernier mot, sans rapport aucun avec ce qui précède, sous forme de private-joke – vous m’en voyez désolé mais je ne peux résister.
Te souviens-tu, Doudou, de la prédiction que tu fis en 1998 suite à la victoire de l’équipe de France ? « Jamais l’Espagne ne gagnera une coupe du monde ». Sentence définitive, assenée avec l’assurance du professionnel du ballon que tu es. Qui étais-je pour te contredire, moi qui ignorais alors jusqu’à l’existence de la règle du hors-jeu ? Douze petites années et trois coupes du monde auront suffi à te donner tort : une paille.
Ceux qui me connaissent savent à quel point j’aime le football, il n’empêche : je suis de tous les peuples et de toutes les nations. J’ai donc été tout naturellement ravi du parcours de mes compatriotes espagnols, poussant le vice jusqu’à regarder les deux premières mi-temps de la finale, ce qui ne m’était pas arrivé depuis les demi-finales du mondial que la France remporta. Il faut dire que ce match était l’enjeu d’un pari qu’honora superbement l’ami avec lequel je le fis ; et pourtant, elle était froide l’eau de la fontaine dans laquelle il dût se baigner en bas des Champs Elysées. ((Je ne sais pas vous, mais moi j’adore l’esprit potache.)) Il est des souvenirs qui n’ont pas de prix.
Mes pensées en apprenant la victoire espagnole le lendemain matin ont été pour mes amis cordouans A l’heure qu’il est, ils redescendent doucement sur terre… cela fait tout de même quinze jours qu’ils planent, il serait temps ! Ces amis regardaient du temps de mes années espagnoles le foot à la télévision en coupant le son pour mettre celui de la radio à la place, le commentateur y étant bien plus prolixe. ((Si vous voulez avoir une idée des limites du débit oral humain, écoutez donc un commentateur sportif sur une radio castillane.)) C’est avec eux que j’ai assisté à l’un des deux seuls matchs en stade de ma vie – l’autre, c’était au Niger. C’est auprès d’eux que j’ai presque réussi à percevoir ce sport comme un jeu sympathique. Ah, nostalgie, quand tu nous tiens !

Sur ce, il se fait tard, et je me rends compte que je me suis épanché bien plus qu’à mon habitude. Je me dois de cultiver un certain mystère, n’est-ce pas ?

Je suis prochainement en vacances pour un mois, ((Des vacances à solder, des RTT surnuméraires… quelle chouette invention ces RTT tout de même !)) je testerai pour vous les joies du camping en famille. Nous partons découvrir la Crète, en passant par Venise, la Croatie, la Serbie, puis la Grèce continentale avant d’arriver à destination. Pour le retour, nous improviserons, rien n’est encore fixé. Un passage par Vienne n’est pas exclu.

Bonnes vacances à tous, et à bientôt !

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L’athée aura toujours le dernier mot

Suite à mon précédent billet concernant les rapports entretenus par les religions vis-à-vis de la mort, je souhaiterai apporter une nouvelle pierre à l’édifice matérialiste.

Là où le matérialiste réfute la possibilité d’une vie après la mort, le spiritualiste réfute la mortalité de l’âme. La mort étant insondable, le dialogue entre les deux semble vain. Aucun des deux ne peut fournir de preuve de ses allégations. Chacun n’est guidé que par son intime conviction : celle-ci est relayée dans le cas de l’athée par sa raison, et dans le cas du croyant par sa bêtise foi.

Pourtant, je puis affirmer par un argument incontestable, et je l’espère, décisif, que seul l’un des deux est certain de connaître la vérité sur cette question passionnante. ((Ayant conscience du suspense insoutenable auquel vous êtes soumis, j’y mettrai fin sous peu en vous révélant lequel, du spiritualiste ou du matérialiste, est l’enfant chéri de la connaissance.))

Prenons le cas du croyant. Durant toute sa vie terrestre, il est persuadé que son esprit survivra à son enveloppe charnelle. Sentant venir sa mort, il fait le ménage dans ses affaires spirituelles, recommande son âme à son créateur, et s’apprête à rejoindre icelui. L’instant fatidique survient, il expire son dernier souffle. Deux solutions possibles.
La première, il avait raison : la vie après la mort est une réalité. Le catholique – au hasard – se retrouve – toujours au hasard – à la droite d’Allah. ((A un dieu près, il avait tout bon, mais la perfection n’est hélas pas de ce monde.)) Il est conforté dans sa certitude initiale d’une vie après la mort, et pourra mesquinement narguer l’athée subissant le supplice du pal à l’étage du dessous en lui disant « si seulement tu m’avais écouté, bien fait pour toi ».
Seconde solution, manque de bol, il s’est planté. En cherchant l’oeil de dieu, je n’ai vu qu’une orbite : seul le néant l’accueille. Et bien notre malheureux se sera fourvoyé toute sa vie durant, et la vérité lui sera éternellement inaccessible. Avoir eu tort, et ne jamais en avoir eu conscience : une situation proprement inhumaine pour le scientifique avide de connaissance que je suis.

Voyons à présent le cas de l’athée. Durant sa vie, il ne songe qu’à profiter au mieux du temps qu’il se sait imparti, persuadé qu’il n’en aura pas l’occasion dans un quelconque au-delà. Foudroyé sur le tard d’une crise cardiaque survenue tandis qu’il jouissait du plaisir retiré d’un des nombreux vices auxquels aiment à s’adonner les impies, laissons le pudiquement vivre la dernière expérience qu’il juge digne d’intérêt – le passage de vie à trépas, et intéressons-nous à ce qu’il advient de lui après cet instant. Là encore, deux solutions.
La première, il avait raison : le néant l’engloutit. Son esprit s’éteint, à l’instar de celui de tous les êtres pensants lorsqu’ils décèdent. De par ses convictions, il aura eu toute sa vie connaissance de cette réalité : rien n’est éternel. Ce qui vit meurt. Certes, il ne pourra pas narguer le croyant avec ses « je te l’avais bien dit », mais peu importe, la mesquinerie ne fait pas partie de ses nombreux défauts.
Seconde solution – parfaitement improbable, je vous l’accorde, je ne l’aborde que pour les besoins de ma démonstration – il s’est trompé, et se retrouve écorché vif dans un environnement sulfureux sans même passer par la case purgatoire. Là, la réalisation de son erreur le heurte de plein fouet – et pas uniquement au figuré. Il s’est fourvoyé sa vie durant, mais joie, fleur de joie, son erreur lui est révélée. Il pourrait alors mourir heureux – si cela ne lui était pas impitoyablement refusé.
L’athée aura eu le mot de la fin, fût-ce – à son grand dam – un cri de souffrance.

Sur ce point précis, et dans toutes les hypothèses le matérialiste accède à la vérité, tandis que si le spiritualiste se trompe, il n’en aura jamais connaissance.
Nous constatons donc bien, du strict point de vue de la connaissance, la supériorité indéniable de l’approche matérialiste sur l’approche mystique, du pragmatisme athée sur l’espérance religieuse.

Méditez !

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La Société Internationale Terre Carrée

Article original par Roger M. Wilcox, traduit de l’anglais par Momo88. Texte original ici.

Μετὰ τοῦτο εἶδον τέσσαρας ἀγγέλους ἑστῶτας ἐπὶ τὰς τέσσαρας γωνίας τῆς γῆς κρατοῦντας τοὺς τέσσαρας ἀνέμους τῆς γῆς ἵνα μὴ πνέῃ ἄνεμος ἐπὶ τῆς γῆς μήτε ἐπὶ τῆς θαλάσσης μήτε ἐπὶ πᾶν δένδρον
ΑΠΟΚΑΛΥΨΙΣ ΙΩΑΝΝΟΥ 7:1

Et après cela, je vis quatre anges debout aux quatre coins de la terre, retenant les quatre vents de la terre, afin qu’aucun vent ne soufflât sur la terre, ni sur la mer, ni sur aucun arbre.
Apocalypse 7:1 (Version Darby)

C’est un fait biblique bien établi que la Terre est plate et immobile. N’importe quel bon lecteur de la Bible connaît les passages des Écritures qui démontrent que la Terre ne se meut pas et que sa surface n’est pas courbe : Daniel 4:10-11, Mathieu 4:8, Josuah 10:12, Chroniques 16:30, Psaumes 93:1, 96:10, 104:5, Isaïe 45:18 et ainsi de suite.
Mais bien trop de lecteurs bibliques paresseux ignorent aujourd’hui le fait évident que la Bible nous dit aussi que la Terre plate n’a pas de bords courbes. Même le regretté Charles K. Johnson, le vaillant combattant de la Vérité qui fit parvenir le message des Astronomes Zététiques d’antan aux XXe et XXIe siècles en fondant la Société Internationale Terre Plate, a commis l’erreur funeste de supposer que la Terre avait la forme d’un disque circulaire. Rien n’est plus éloigné de la vérité.

Les formes bibliques possibles de la Terre

L’Apocalypse, chapitre 7, verset 1, déclare sans ambiguïté ce qui suit, à propos de la forme de la Terre :

Et après cela, je vis quatre anges debout aux quatre coins de la terre, retenant les quatre vents de la terre, afin qu’aucun vent ne soufflât sur la terre, ni sur la mer, ni sur aucun arbre.

Ce qui montre clairement que la Terre a exactement quatre coins. On pourrait arguer que les bords de la Terre entre ces quatre coins pourraient être courbes. Mais voyons les passages suivants du Livre de Job :

Car Il voit jusqu’aux extrémités de la terre, Il aperçoit tout sous les cieux.
Job 28:24 (Version Louis Segond 1910)

Il le dirige sous tous les cieux, et son éclair, jusqu’aux extrémités de la terre.
Job 37:3 (Version Darby)

Deux de ces passages spécifient clairement que la Terre a des extrémités, c’est-à-dire des bords droits. Ce qui, combiné aux quatre coins fournis par Apocalypse 7:1, signifie que la Terre doit avoir la forme d’une espèce de quadrilatère. Les possibilités sont :

  • Un carré
  • Un rectangle non carré
  • Un losange non carré (c-à-d. une forme en « diamant »)
  • Un parallélogramme non rectangulaire, non losangé
  • Un trapèze
  • Un quadrilatère concave
  • Un quadrilatère isocèle
  • Un quadrilatère scalène

Réduction des possibilités

On trouve plus d’informations dans le Livre d’Esaïe :

Et il élèvera un étendard devant les nations, et rassemblera les exilés d’Israël, et réunira les dispersés de Juda des quatre quartiers de la terre.
Esaïe 11:12 (Version Darby corrigée par Momo88 afin de coller au mieux à la version anglaise NIV)

Un quartier, bien sûr, signifie exactement un quart. Afin d’avoir quatre quarts pour la Terre, elle doit avoir une forme divisible en quatre parties toutes de même forme et de même taille, c’est-à-dire quatre parties isométriques. Toutes les formes quadrilatérales ne peuvent pas être divisées en quatre parties isométriques. En fait, les seules espèces de formes quadrilatérales qui peuvent être divisées en quatre parties isométriques sont les suivantes :

Ainsi, à la lumière d’Isaïe 11:12, des deux passages de Job et d’Apocalypse 7:1, les formes possibles de la Terre se limitent à :

  • Un carré
  • Un rectangle non carré
  • Un losange non carré
  • Un parallélogramme non rectangulaire, non losangé
  • Un trapèze isocèle à trois côtés de longueur identique
  • Un trapèze isocèle dont le côté parallèle le plus court est égal au tiers de la longueur du côté parallèle le plus long
  • Un quadrilatère isocèle concave

Réduction encore plus poussée des possibilités

Finalement, nous pouvons examiner la mention des quatre vents dans l’Apocalypse 7:1 qui nous fournira la dernière indication. Chacun sait que « les quatre vents » sont le Vent du Nord, le Vent du Sud, le Vent de l’Est et le Vent de l’Ouest. Pas vrai ? Bien, Apocalypse 7:1 montre clairement quatre anges retenant ces quatre vents. Afin que chaque ange « retienne » l’un des Quatre Vents, il doit se tenir au point de la Terre d’où le Vent provient. Ainsi, pour retenir le Vent du Nord, un ange doit se tenir au point le plus au nord de la Terre. Pour retenir le Vent du Sud, un ange doit se tenir au point le plus au sud de la Terre. Et cætera. Les quatre anges doivent se tenir aux points les plus au nord, au sud, à l’est et à l’ouest de la Terre, en d’autres termes, aux quatre extrémités de nos quatre principaux points cardinaux.
Mais nous savons déjà qu’ils se tenaient également aux quatre coins de la Terre. Cela signifie que les quatre coins de la Terre sont situés aux points cardinaux ! Un rectangle non carré, un parallélogramme non losangé ou un trapéze isocèle ne peuvent pas être disposés de façon que leurs coins indiquent directement les points cardinaux. Seule une forme losangée peut être disposée ainsi. Par conséquent, après avoir examiné soigneusement toutes les indications dans Apocalypse 7:1, combinées aux deux passages de Job et à Isaïe 11:12, les deux seules formes possibles pour la Terre sont :

  • Un carré, ou
  • Un losange non carré

… avec les coins orientés pour indiquer directement le nord, le sud, l’est et l’ouest.

Pourquoi il est nécessaire que la Terre soit carrée

Nous savons que Dieu est parfait. Dieu, en conséquence, ne pouvait créer la Terre que de la forme la plus parfaite possible. Comme je viens de le démontrer, nous savons par Apoc. 7:1, Isaïe 11:12 et Job, que la Terre doit être une espèce de losange. Il est d’une haute signification biblique que Dieu ait créé la Terre pour qu’elle soit la plus parfaite espèce possible de losange. La plus parfaite espèce possible de losange est le carré. Ses coins rectilignes sont parfaitement assortis à la rectitude de Dieu. Il est donc nécessaire que la Terre soit carrée.
[…]

Les piliers de soutènement

Jetez un œil sur ce passage de 1 Samuel :

De la poussière il fait lever le misérable, de dessus le fumier il élève le pauvre, pour les faire asseoir avec les nobles : et il leur donne en héritage un trône de gloire ; car les piliers de la terre sont à l’Éternel, et sur eux il a posé le monde.
1 Samuel 2:8 (Version Darby)

Cela montre clairement que la Terre repose sur un nombre non spécifié de piliers. (Quelques traductions approximatives de l’Ancien Testament disent « fondations » ou « installations » au lieu de piliers, mais le mot original hébreu qui apparaît ici est « Matsuwq », qui signifie littéralement un support de metal moulé, un pilier ou une colonne.) Ce sur quoi les piliers reposent est inconnu. Il se pourrait qu’ils ne reposent sur rien. Peut-être qu’ils tiennent par la grâce divine. Peut-être qu’ils sont infiniment grands. Ce que nous savons avec certitude est qu’un ensemble de piliers en dessous de la Terre doit exister.
Cela signifie que l’Enfer, qui est au-dessous de la Terre, est interrompu çà et là par des piliers. Cela peut expliquer comment Satan va sortir de l’Enfer après des milliers d’années de paix, dans l’Apocalypse : il va peut-être escalader l’un de ces piliers. Il s’agit cependant d’une spéculation pour une autre page web.

Questions fréquemment posées

Puis-je croire en la Terre ronde et aller au paradis ?

Non. Comme vous le savez, si vous n’acceptez pas chaque mot de la Bible comme littéralement vrai, vous n’allez pas vraiment accepter Jésus Christ comme votre Seigneur et Sauveur et vous serez voué à brûler en Enfer pour l’Éternité. Dieu n’admet aucun croyant tiédasse au paradis.

Qu’en est-il de toutes ces images de l’espace montrant que la Terre est ronde ?

Juste une preuve de plus que Hollywood est de mèche avec le diable. Charles K. Johnson de la Société Internationale Terre Plate a déjà démontré que chaque image de la « Terre » vue de « l’espace » était un faux. En fait, le programme spatial de la NASA tout entier est une imposture. […]

Comment se fait-il qu’aucun pilote d’avion n’ait jamais rapporté avoir vu les bords de la Terre ?

Les pilotes aériens sont aussi de mèche avec le diable. […] Quand ils passent l’Équateur ou le Premier Méridien, les pilotes d’avion doivent tourner brusquement à 90 degrés pour suivre les contours carrés de la Terre. Ils occultent ce fait en le mettant sur le dos des « turbulences ».

L’expression « Quatre coins de la Terre » dans Apocalypse 7:1 ne serait-elle pas tout simplement une métaphore d’usage courant pour les plus lointaines contrées de la Terre ?

Attention à la pente savonneuse de l’interprétation d’un passage biblique comme métaphore, vu que cette voie conduit sans aucun doute à la Mort. Après, vous direz que la Terre n’a pas été créée en six jours, ou que la Terre n’a pas été littéralement coupée en deux dans Genèse 10:25, et alors vos filles grandiront pour être des prostituées du Temple et vos fils apprendront comment jeter des sorts réels en jouant à Donjons & Dragons® et les criquets fondront sur Israël et les lions se coucheront avec les agneaux. Ils ont déjà viré Dieu de nos écoles à cause de pensées semblables. Ne laissez pas Satan entraîner encore plus d’âmes hors de l’Unique Vrai Chemin.

Que dites-vous d’Esaïe 40:22 ?

Lui, qui est assis au-dessus du cercle de la terre, et ses habitants sont comme des sauterelles, qui étend les cieux comme une toile légère, et qui les déploie comme une tente pour y habiter.
Esaïe 40:22 (Version Darby)

Cela signifie-t-il que la Terre est circulaire ? Pas le moins du monde. Si elle était circulaire, la mention de Job des extrémités de la Terre serait dépourvue de sens. Le mot traduit comme « cercle » dans ce verset est l’hébreu « Chuwg », qui peut signifier cercle, mais qui peut aussi avoir le sens de circuit ou de compas. S’il apparaît seul, le mot peut également signifier la voûte des cieux. Ce verset réfère probablement au fait que Dieu siège au-dessus de la voûte des cieux, qui ronde la Terre entière. De plus, chacun sait que les tentes sont carrées.

Que puis-je faire dans ma communauté pour que les partisans de la Terre Ronde voient la lumière ?

Montrez-leur cette page web. Sortez votre propre Bible, et montrez-leur Apocalypse 7:1, Isaïe 11:12 et les deux passages de Job. S’ils ne sont pas convaincus, vous pouvez utiliser votre Bible pour leur frapper le haut du crâne en criant « Terre carrée ! » […] Faites des piquets en face des usines de globes terrestres avec des pancartes « Terre carrée ! », « Satan dit que la Terre est ronde », « Pas de Terres rondes », etc. Achetez des cartes de la Terre carrée et placez-les bien en vue dans les salles de classe. Hurlez aux conseils d’école et exigez un « temps égal » pour la théorie scientifique « également valide » que la Terre est carrée, tout en leur rappelant que la notion d’une Terre ronde n’est « rien d’autre qu’une théorie ». Exhibez des pancartes « Apoc. 7:1 » devant les caméras lors des matchs de football. Il y a tant de choses qu’une personne peut faire pour répandre la Vérité dans le Monde qu’il est impossible de dresser ici la liste de toutes les possibilités.

Existe-t-il des preuves que la Bible est la Vérité ?

Et l’ange me dit : Ecris : Heureux ceux qui sont appelés au festin de noces de l’agneau ! Et il me dit : Ces paroles sont les véritables paroles de Dieu.
Apocalypse 19:9 (Version Louis Segond 1910)

Si ce n’est pas la preuve que la Bible est vraie, je ne sais pas ce que c’est !

Eloges de la Société Internationale Terre Carrée

De nombreux vrais croyants — plus quelques agneaux égarés — ont écrit à la Société Internationale Terre Carrée de nombreuses années durant. Il serait dommage de ne pas mettre en lumière leurs contributions. C’est pourquoi l’auteur de l’article original a rassemblé ces commentaires sur une même page afin que chaque lecteur puisse y accéder.

Cette page se trouve ici. Les réponses de Roger M. Wilcox à ses commentateurs sont hilarantes.

Carte de la Terre Carrée

Cette carte de la Terre immobile et carrée fut établie en 1893 par le professeur Orlando Ferguson de Hot Springs (Dakota du Sud). Ferguson était un partisan du géocentrisme, qui continue à soutenir de nos jours que le Soleil tourne autour de la Terre, et qui concernait encore, selon un sondage Gallup de 1996, une proportion importante de la population : 19% en Grande-Bretagne, 16% en Allemagne et 18% aux USA.
Le professeur Ferguson déclarait sérieusement qu’il y a « quatre cents passages de la Bible qui condamnent la Théorie du Globe, ou de la Terre Volante, et aucun ne la confirme. Cette carte est la Carte Biblique du Monde. » Sa carte montre la Terre comme étant un disque carré, plat, qui à en juger par cette image plus qu’approximative, présente une concavité circulaire touchant presque les bords, du milieu de laquelle émerge une convexité dont le Pôle Nord est le centre parfait, ainsi que celui de la carte.

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Souviens-toi que tu es né poussière et que tu redeviendras poussière

Autres temps, autres moeurs : retrouvons notre chamane où nous l’avions laissé. Puisqu’il risque de devenir un personnage récurrent, nous l’appellerons Ismaël. C’est joli Ismaël. Il se trouve, tout à fait par hasard, que c’est également mon second prénom. ((Si, pour vous amuser, vous épelez mes initiales après avoir pris soin d’inversez l’ordre de mes deux prénoms, et pour peu que vous soyez un tantinet mystique, vous comprendrez en quoi ma vocation était écrite – et accessoirement, l’une des origines probables de ma mégalomanie.))

Ismaël, donc, constatant que les explications fumeuses qu’il donnait à ses congénères sur le monde et ses origines, associées à son charisme naturel, lui permettaient d’asseoir son ascendant sur eux, se dit que cela était bel et bon, mais que ce n’était pas assez. Il lui fallait trouver de nouveaux facteurs d’aliénation afin d’affirmer plus fermement encore son autorité sur ses semblables.
Observant leurs réactions dans différentes situations, il ne fut pas long à pointer un fait notable : ils étaient craintifs devant ce qu’ils ne contrôlaient pas. Il se les remémora sous l’orage, apeurés par la situation présente, inquiets de la situation à venir. Il les voyait souffrir lorsqu’ils étaient malades, cherchant désespérément du réconfort. Il constatait leur appréhension avant d’aller défier l’aurochs, ne sachant comment se déroulerait la chasse. Pour toutes ces situations, il aurait des remèdes : les dieux les lui fourniraient.
Il n’avait jusqu’à présent joué que sur leur ignorance : il jouerait désormais également sur leur peur.
Les dieux étant anthropomorphisés, il apparaissait normal de pouvoir communiquer avec eux. Hélas, ils savent se faire discrets. Ismaël imagina donc une forme de communication quelque peu particulière : nous nous adresserions aux dieux par la prière, et ceux-ci nous répondraient en exauçant nos demandes, ou pas, la volonté divine étant inaccessible au profane.
Prions pour guérir de cette maladie qui menace de nous terrasser. Prions pour que la chasse soit bonne, et que nous en revenions entiers. Prions pour que l’accouchement du petit dernier se déroule bien et sans trop de douleurs. Si nous sommes exaucés, c’est que les dieux ont entendu notre appel et y ont répondu favorablement. Sinon, c’est qu’ils ne nous ont pas entendus, ou qu’ils n’avaient pas envie de nous satisfaire. Leurs avions-nous déplu ? Les offrandes firent leur apparition, de même que quelques autres concepts destinés à satisfaire leur volonté présumée. Tâchant de vivre conformément aux souhaits des dieux, nous sommes devenus superstitieux.
Nous implorions les dieux à tout propos : nos peurs étaient nombreuses.

Il est cependant une peur qui domine toutes les autres, la peur première, la mère de toutes les peurs : la peur de la mort. La mort, insondable, inéluctable, qui frappe chacun tôt ou tard, aveuglément. La peur du plus grand inconnu qui soit.
Heureusement, Ismaël nous rassura. Il nous parla de l’essence de notre être, l’âme, ce qu’il reste de nous lorsque le superflu, notre corps, nous a été ôté. Les dieux avaient tout prévu, y compris la survie à notre enveloppe charnelle de notre âme immortelle. Peu importe le moyen, réincarnation, esprit errant ou enfer, l’important était de savoir que nous ne disparaîtrions pas irrémédiablement.
En jouant sur cette peur-là, en soulevant le linceul qui obscurcissait notre horizon temporel pour nous permettre d’entrevoir l’au-delà, Ismaël nous aliéna plus sûrement qu’aucun esclavagiste n’aurait pu en rêver. Ce fût là son chef-d’oeuvre.

De l’eau a coulé sous les ponts. Les peurs usuelles se sont éteintes avec la superstition. L’incertitude de l’avenir continue de susciter quelques craintes, mais n’engendre plus les mêmes ferveurs religieuses qu’autrefois.
La mort pour sa part perpétue son lot de fantasmes et de terreurs, qui demeurent à mon sens le vecteur de religiosité le plus puissant qui soit.
Je ne veux pas mourir, et donc je me convaincs, je crois, j’espère. Quitte parfois à en oublier de vivre.

Assez !
Votre vie est précieuse, infiniment précieuse : vous n’en avez qu’une et elle est éphémère. Ne la gâchez pas en tentant de la vivre selon les préceptes supposés – mais contraignants – d’hypothétiques dieux, dans l’espoir d’une « autre » vie, cette dernière ne viendra pas.

Votre vie est bornée : elle commence avec l’éveil de votre conscience, ((Je ne saurai situer cet événement avec précision, mais je peux vous donner une fourchette : il se situe quelque part entre votre conception et votre naissance.)) et se termine par votre mort.
Vous souvenez-vous comment c’était avant cet éveil ? Ce sera exactement ainsi après votre mort. ((A cette seule différence près : vous aurez vécu.)) Le néant.
Pourquoi voudriez-vous qu’il en soit autrement ? Même en observant les faits d’un oeil mystique, force est de constater que votre âme insufflée par les dieux est née, a été créée, est donc issue du néant. ((Il s’agit là de la vision que je prête au mystique, en aucun cas de la mienne. Pour un matérialiste comme pour Lavoisier, tout est affaire de transformation. La matière s’organise pour créer la conscience, et sa réorganisation la fait disparaître, de la même manière que je crée un cercle en le dessinant avec un crayon sur une feuille de papier, et le détruit en le gommant.)) L’instant d’avant, elle n’était pas, l’instant d’après, elle est, et vous ne le contestez point. Sauf si vous êtes bouddhiste, mais c’est une autre histoire. ((Je reviendrai sur la provenance et le devenir de l’âme réincarnée dans un prochain billet.))
J’affirme que ce qui a un début à une fin. Votre vie ayant débuté, elle se terminera. Ce n’est pas triste : c’est ce qui lui donne sa valeur. Ne vous laissez pas tenter par l’illusion de l’immortalité. Ailleurs tous vos regards, ailleurs toutes vos larmes : aimez ce que jamais on ne verra deux fois. Votre vie est précieuse car unique et irremplaçable.
La conscience de votre mortalité est un atout considérable. Vous pouvez ainsi en jouir au mieux, sans risque de la gaspiller – où en la gaspillant en toute connaissance de cause.

Sachez utiliser au mieux ce laps de temps qui vous est offert. Votre vie est ce que vous en faites. Nul ne lui a donné un sens prédéterminé, c’est à vous d’en déterminer le sens. Soyez bâtisseur, intellectuel, artiste, épicurien ou incorrigible fainéant. Profitez au mieux de ce que la vie vous offre, adonnez-vous à vos passions. Si vous prenez votre pied en étudiant des palimpsestes – comme je vous comprends – je ne peux que vos encourager à le faire. Si collectionner les timbres est votre marotte, faites-vous plaisir !
Jouissez à chaque instant des bonheurs simples qui jalonnent votre chemin. Vous êtes l’acteur principal de votre vie : soignez votre rôle. Au pire, soyez simplement heureux d’être vivant.
Soyez un génie ou un doux cinglé, peu me chaut, ((A tout prendre, j’ai malgré tout une préférence pour le génie.)) du moment que cela vous sied.
Si votre foi vous apporte le bonheur, ce que je conçois, tant mieux. Mais de grâce, ne vous rendez pas malheureux en espérant que ce malheur sera la clé de l’éternité. Certains se flagellent pour se punir d’avoir éprouvé un plaisir fugace qu’ils imaginent réprouvé par un grand barbu que nul n’a jamais vu. Ne soyez pas de ceux-là. C’est dans cette vie que vous devez vous épanouir. Si vous pensez ne pas pouvoir y parvenir sans recours à la croyance, croyez. Mais réalisez vos rêves dans cette vie. Vous n’en aurez pas d’autre.

Si la mortalité vous pèse, réalisez des oeuvres qui vous survivront. Enfants, tableaux, symphonies, théorèmes, écrits, pensées, les chemins menant à l’immortalité sont multiples. Immortalité illusoire et relative ? Je vous l’accorde. Vos oeuvres seront la mémoire de ce que vous fûtes. Mémoires éphémères, comme toutes choses en ce monde ; elles perpétueront votre souvenir un temps, puis s’éteindront à leur tour.

Je ne vois pourtant pas en quoi la mortalité serait un poids. La mort n’est pas qu’une fatalité, elle est une chance. Oh, bien sûr, la vie est toujours trop courte. Mais l’éternité, vous imaginez ? Ce n’est pas une sinécure, c’est une torture. Même avec soixante-dix houris, ce doit être d’un pénible à la longue ! Même à la droite du créateur je suis certain que l’on finit par être gagné d’un ennui… mortel. Et si, comme moi, en tant qu’infidèle, vous êtes voués à rôtir tristement sur une broche… Je suis sûr d’être très vite lassé.
Non, croyez-moi ((A ceux qui me chercheraient des perles, il s’agit là d’une simple figure de rhétorique.)), la mort est une délivrance. Et là où le bouddhiste est condamné à vivre d’innombrables existences avant de pouvoir prétendre au nirvāna, l’athée y accède dès son premier essai. Quelle chance !

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Dieu : une hypothèse non nécessaire

Nos ancêtres ont imaginé des dieux créateurs et organisateurs pour répondre à une seule exigence : pallier leur ignorance.

Souvenez-vous : nous étions tout juste descendus de l’arbre. ((J’aime bien taquiner les créationnistes, c’est mon côté gamin.)) L’orage éclata brusquement, tandis que le soir tombait. En comparaison, la tempête Xynthia ressemblait à une douce brise. Nous nous étions abrités dans cette caverne providentielle, qui nous apparut tandis que nous courions frénétiquement pour échapper aux trombes célestes. Nous avions peur, nous avions froid. Les éclairs zébraient le ciel nocturne, le tonnerre nous terrifiait, le vent était glacial. Notre chamane ((Un genre de gourou de l’époque.)) s’était bien levé pour nous expliquer ces phénomènes météorologiques que sont les dépressions, anticyclones, courants océaniques et autres chocs électriques entre nuages de différents potentiels. Son n’importe quoi habituel. Aucun de nous n’y prêtait attention. Bref, en l’absence d’explications sensées, nous en avions conclu que ce déchaînement céleste ne pouvait être que la manifestation de la colère de quelque esprit que nous avions offensé, et qui se vengeait.

Notre chamane, écoeuré, s’est reconverti en prédicateur. ((Toute ressemblance avec un prophète existant ou ayant existé n’est évidemment pas fortuite.))

Sous son impulsion, les esprits ont connu un succès grandissant, qu’ils soient faunes, djinns, fées, farfadets, lutins ou dieux. Ils expliquaient tous les phénomènes pour lesquels nous n’avions pas d’explication. La pluie, le tonnerre, la maladie, la reproduction : le fait des esprits. Nous avons anthropomorphisé la nature, nous l’avons doté d’êtres l’organisant, régissant ses lois.

Notre chamane, que nous écoutions à présent qu’il était devenu sage, nous expliquait que nos dieux ne se contentaient pas d’organiser l’univers : ils l’avaient créé. Et répondait ainsi à la plus importante de toutes les questions : d’où venions-nous ?

De l’eau a coulé sous les ponts ; l’ignorance demeure toujours l’un des principaux vecteurs d’extension de la religion. Les clergés, qui ne vont pas scier la branche sur laquelle ils sont assis, veillent à sa perpétuation. Songez que l’index des livres interdits par la religion catholique romaine, rendu tristement célèbre par Galilée, fut mis à jour jusqu’en 1948.

Je ne dis pas pour autant que les religions sont restées primitives. Elles ont dans l’ensemble su s’adapter à l’évolution du monde, en intégrant les découvertes scientifiques et les progrès sociaux de leur temps – ou du suivant. Plus souvent du suivant en fait, c’est le problème lorsque l’on traîne des pieds pour quitter sa maison en proie aux flammes, on se retrouve à camper sur une position qui devient de plus en plus intenable mais qu’il faut bien au final se résoudre à abandonner. Avec regrets, parfois avec moult contorsions, voire quelques brûlures, mais à de rares exceptions près, les religions s’adaptent.
Les vérités littérales d’hier, rendues caduques, deviennent des allégories, des métaphores, des paraboles. C’est très pratique en religion l’allégorie. ((La maîtrise de celle-ci n’est d’ailleurs pas la seule faculté qu’elle partage avec l’astrologie : l’aptitude à trouver des confirmations estimées irréfutables d’hypothèses douteuses grâce à des déductions bancales effectuées à partir de données factuelles torturées en est une autre. Oui, mes phrases aussi sont parfois torturées.))

Oh, il subsiste bien ça et là quelques conservateurs religieux s’accrochant désespérément à l’enseignement littéral des écritures, témoins de Jéhovah et autres créationnistes en tête. Ces arriérés sont pourtant minoritaires, et ne m’intéressent pas ; qu’ils continuent donc à errer dans leur ignorance, sur leur terre plate dans un système solaire géocentrique – tant qu’ils ne viennent pas frapper à ma porte. ((Pour l’anecdote, j’ai laissé entrer chez moi il y a quelques années de cela deux témoins de Jéhovah – les témoins de Jéhovah, c’est comme les ennuis, ils n’arrivent jamais seuls. Mes deux témoins donc, un vétéran et une novice pour autant que j’ai pu en juger avons discuté deux bonnes heures durant autour d’un thé. Discussion passionnante. J’avais l’impression d’expliquer des concepts pourtant simples à de très jeunes enfants. Ils ont pris congé en m’assurant revenir la semaine suivante. Je ne les ai jamais revus. Sans doute ont-ils estimé que mon cas était désespéré. A moins que ce ne soit mon thé qui n’était pas à leur convenance ? Quoi qu’il en soit c’est bien dommage, je sens que j’avais réussi à ébranler la foi de la plus jeune ; avec un peu plus de temps, je l’aurai assurément convertie.))

Notons que la science connaît également cette situation d’être confrontée à de nouvelles données qui la remettent en cause. A mesure qu’elle progresse, des horizons nouveaux apparaissent, et leur exploration bouleverse parfois les connaissances précédentes. Une nouvelle théorie survient, et la précédente n’est plus vraie que dans des conditions très précises. La relativité générale a ainsi limité le champ d’application de la théorie de la gravitation newtonienne. Grâce à la découverte des omégas 3 – et bien qu’il nous reste toujours à découvrir à quoi ils servent, nous savons désormais que les graisses végétales, longtemps considérées comme constituants principaux de la margarine, n’en sont que des composants subalternes et totalement anecdotiques.
L’immense avantage de la science sur la religion, c’est que la science ne souffre pas de ces révolutions perpétuelles. Ce sont au contraire elles qui la font progresser. On ne pratique pas la science pour sauver de vieux postulats : on la pratique pour en proposer de nouveaux.

Mais revenons à nos esprits. Invoquer un dieu omnipotent, cause et régisseur de l’univers dans son ensemble pour satisfaire notre entendement, n’est-ce pas facile ? Et surtout, n’est-ce pas à côté de la plaque ?

Dieu est une réponse commode à toutes les questions posées auxquelles nous ne savons pas répondre. Ce que je ne comprends pas, c’est que d’aucuns s’en satisfassent.

Prenons un exemple simple et universel. Comment notre univers a-t-il débuté ? La théorie du big-bang n’est évidemment pas une réponse qui conviendra au théologien de passage sur ce site. S’il admet volontiers cette théorie, elle lui apparaît insatisfaisante pour expliquer la cause première de l’univers. Il rebondit alors : quel évènement a donc initié le big-bang ? Inutile à ce stade de lui parler d’un multivers au sens d’Andreï Linde, il ne vous écoute déjà plus, attendant patiemment que vous ayez fini pour vous poser la question insidieuse : d’où provient votre multivers ? Vous ne pourrez en définitive pas lui répondre. Les limites de la physique actuelle ne vous permettent pas de le faire.
D’ailleurs, peu importe en vérité. Notre théologien a une explication. Que dis-je, il a l’explication, la seule, la vraie, l’unique : le big-bang a été initié par dieu, créateur suprême. D’une manière générale, en théologie, lorsque vous ne savez pas, dieu est l’explication qui vous manque.
Mais dis-moi, gros malin, qui donc a créé ton dieu créateur ? Là, vous vous attendez naturellement à le voir se recroqueviller comme une limace sur du gros sel. Et bien pas du tout. Il vous répond, le bougre, avec le plus grand sérieux et un aplomb qui force l’admiration : « mais personne voyons, dieu existe de toute éternité ».
Et là, je bloque. Si cette explication satisfait notre théologien, comment se fait-il que la même explication appliquée à l’univers ne le satisfasse pas ?
Pour ma part, je ne puis concevoir d’entité existant « de toute éternité ». Ni univers, et encore moins dieu ; mais ce n’est pas parce que j’ignore la façon dont l’univers tel que nous le connaissons a été « initié » que je vais me contenter d’une ficelle aussi grosse, qui ne fait que déplacer le problème sans le résoudre.

Dieu est pour moi semblable à l’éther, cette substance censée remplir le vide de l’univers pour y expliquer la propagation des ondes. Substance invisible, indétectable, n’interférant pas avec la matière, n’intervenant dans aucun calcul. Substance inutile, n’apportant rien quant à la compréhension des phénomènes qu’elle devait permettre de justifier. Substance au final inexistante, ce qui fut prouvé au début du siècle dernier.

Lorsqu’un concept n’apporte rien, on en fait l’économie : en bon scientifique, j’applique le rasoir d’Occam à dieu.
A l’instar de Laplace, je n’ai pas besoin de cette hypothèse.

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