L’athée aura toujours le dernier mot

Suite à mon précédent billet concernant les rapports entretenus par les religions vis-à-vis de la mort, je souhaiterai apporter une nouvelle pierre à l’édifice matérialiste.

Là où le matérialiste réfute la possibilité d’une vie après la mort, le spiritualiste réfute la mortalité de l’âme. La mort étant insondable, le dialogue entre les deux semble vain. Aucun des deux ne peut fournir de preuve de ses allégations. Chacun n’est guidé que par son intime conviction : celle-ci est relayée dans le cas de l’athée par sa raison, et dans le cas du croyant par sa bêtise foi.

Pourtant, je puis affirmer par un argument incontestable, et je l’espère, décisif, que seul l’un des deux est certain de connaître la vérité sur cette question passionnante. ((Ayant conscience du suspense insoutenable auquel vous êtes soumis, j’y mettrai fin sous peu en vous révélant lequel, du spiritualiste ou du matérialiste, est l’enfant chéri de la connaissance.))

Prenons le cas du croyant. Durant toute sa vie terrestre, il est persuadé que son esprit survivra à son enveloppe charnelle. Sentant venir sa mort, il fait le ménage dans ses affaires spirituelles, recommande son âme à son créateur, et s’apprête à rejoindre icelui. L’instant fatidique survient, il expire son dernier souffle. Deux solutions possibles.
La première, il avait raison : la vie après la mort est une réalité. Le catholique – au hasard – se retrouve – toujours au hasard – à la droite d’Allah. ((A un dieu près, il avait tout bon, mais la perfection n’est hélas pas de ce monde.)) Il est conforté dans sa certitude initiale d’une vie après la mort, et pourra mesquinement narguer l’athée subissant le supplice du pal à l’étage du dessous en lui disant « si seulement tu m’avais écouté, bien fait pour toi ».
Seconde solution, manque de bol, il s’est planté. En cherchant l’oeil de dieu, je n’ai vu qu’une orbite : seul le néant l’accueille. Et bien notre malheureux se sera fourvoyé toute sa vie durant, et la vérité lui sera éternellement inaccessible. Avoir eu tort, et ne jamais en avoir eu conscience : une situation proprement inhumaine pour le scientifique avide de connaissance que je suis.

Voyons à présent le cas de l’athée. Durant sa vie, il ne songe qu’à profiter au mieux du temps qu’il se sait imparti, persuadé qu’il n’en aura pas l’occasion dans un quelconque au-delà. Foudroyé sur le tard d’une crise cardiaque survenue tandis qu’il jouissait du plaisir retiré d’un des nombreux vices auxquels aiment à s’adonner les impies, laissons le pudiquement vivre la dernière expérience qu’il juge digne d’intérêt – le passage de vie à trépas, et intéressons-nous à ce qu’il advient de lui après cet instant. Là encore, deux solutions.
La première, il avait raison : le néant l’engloutit. Son esprit s’éteint, à l’instar de celui de tous les êtres pensants lorsqu’ils décèdent. De par ses convictions, il aura eu toute sa vie connaissance de cette réalité : rien n’est éternel. Ce qui vit meurt. Certes, il ne pourra pas narguer le croyant avec ses « je te l’avais bien dit », mais peu importe, la mesquinerie ne fait pas partie de ses nombreux défauts.
Seconde solution – parfaitement improbable, je vous l’accorde, je ne l’aborde que pour les besoins de ma démonstration – il s’est trompé, et se retrouve écorché vif dans un environnement sulfureux sans même passer par la case purgatoire. Là, la réalisation de son erreur le heurte de plein fouet – et pas uniquement au figuré. Il s’est fourvoyé sa vie durant, mais joie, fleur de joie, son erreur lui est révélée. Il pourrait alors mourir heureux – si cela ne lui était pas impitoyablement refusé.
L’athée aura eu le mot de la fin, fût-ce – à son grand dam – un cri de souffrance.

Sur ce point précis, et dans toutes les hypothèses le matérialiste accède à la vérité, tandis que si le spiritualiste se trompe, il n’en aura jamais connaissance.
Nous constatons donc bien, du strict point de vue de la connaissance, la supériorité indéniable de l’approche matérialiste sur l’approche mystique, du pragmatisme athée sur l’espérance religieuse.

Méditez !

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4 commentaires pour “L’athée aura toujours le dernier mot”

  1. pahdoc dit :

    Il me semble qu’au cas où le grand Manitou serait là après ma crise cardiaque, je serai lui raconter en quoi je mérite moi aussi d’être à côté de lui… car s’il existe, et au vu de sa créativité, je crois qu’il appréciera d’avoir auprès de lui quelqu’un qui a su s’émerveiller de ses efforts. Je pense même, petite écervelée que je suis, qu’il engueulera tous ceux qui se sont retenus!!!
    Mais à vrai dire, ça me rassure d’aller rejoindre les feuille mortes, je n’ai pas signé pour l’éternité moi… même de mon âme… en même temps comme je suis une fille, j’ai bien peur de ne pas en avoir! nananananère….

    • Amine dit :

      Vous pointez-là du doigt le fossé qui existe entre la représentation du grand manitou par les croyants, et celle que s’en font les athées. La première correspond à un mythe véhiculé bien avant les lumières, la seconde est une abstraction. Combien de croyants se représentent un dieu perçu selon leur coeur et non en fonction de leurs livres saints ? J’espère qu’une majorité d’entre eux savent prendre du recul. Les athées, ne croyant pas en dieu, sont à mon avis les plus à même de lui prêter des qualités correspondant à un idéal humaniste. Il est évident que de basses pulsions revanchardes (« tu n’as pas daigné croire en moi et me vénérer comme je le méritais, vas donc croupir en enfer ») seraient incompatibles avec cet idéal.
      Je ferai un article sur ce sujet prochainement.

      Sinon, je suis au regret de vous apprendre que même les religions les plus rétrogrades accordent aujourd’hui une âme aux femmes. Tout se perd, quelle tristesse !

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